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Luzarches contrôlait la frontière des Parisis avec les Bellovaques à l’ouest et les Silvanectes au sud-est. Au VIIè et VIIIè siècles, le bourg était un centre actif du fisc royal : les archives y mentionnent une paroisse et un palais royal, puis un grand domaine de l’abbaye Saint-Denis. Partagée depuis la fin du XIè siècle entre deux seigneurs, la ville a conservé cette bipolarité. Le bourg, très actif, s’est développé le long de la rue reliant les deux châteaux et de la route nord-sud.

A l’est, le château de la Motte domine deux affluents de l’Ysieux. Cette gigantesque levée de terre entourée d’un fossé annulaire est aujourd’hui dissimulée par un bois. Possession initiale du compte de Clermont, elle a été complétée au début du XIIIè siècle par une enceinte quadrangulaire flanquée de sept tours, caractéristiques des fortifications de Philippe Auguste.

A l’ouest, le château Saint-Côme s’élève à l’extrémité de l’éperon dominant la ville. De ce château-fort, édifié au début du XIIè siècle par le compte de Beaumont, restent les chemises et la base du grand donjon quadrangulaire, sur laquelle une maison fut bâtie au XIXè siècle. La porte Saint-Côme ou porte Grièche fait partie du dispositif défensif initial. La partie supérieure ainsi que l’habitation qui lui est accordée ont été reconstruites dans le style troubadour au XIXè siècle.

La commune doit sa prospérité aux marchés et aux foires, et à sa position sur la route reliant Paris à Amiens, qui a favorisé l’implantation d’hostelleries et de relais de poste. Un document atteste la présence d’une halle en 1385. La halle actuelle, qui peut être datée de la fin du XVIIè siècle, est inscrite à l’inventaire.

La vie locale s’organisait autour de la production agricole et de sa commercialisation. L’architecture de qualité des maisons de Luzarches témoigne de cette prospérité.

La Villa Charlotte : Histoire, architecture et anecdotes au cœur de Luzarches




Nichée au cœur verdoyant de Luzarches, la Villa Charlotte est bien plus qu’une simple demeure historique. Conçue par l’architecte Marie Léon Destors (1861-1939), elle est le fruit d’un projet commandité par le prince Louis de Monaco, qui souhaitait une résidence alliant élégance et modernité. Marie Léon Destors, délégué par le gouvernement de Monaco, a su insuffler à cette villa un style unique, mêlant habilement influences classiques et Art Nouveau, avec un raffinement et une originalité qui se retrouvent dans chaque détail architectural.

Issu d’une lignée d’architectes et d’hommes de lettres, Marie Léon Destors a hérité d’un savoir-faire ancestral et d’une profonde sensibilité artistique. Son arrière-grand-père, Denis-Louis Destors, né à Gonesse en 1816 dans une famille modeste mais profondément attachée aux valeurs de dignité et de travail, est le premier jalon d’une tradition familiale marquée par l’effort et le talent. Formé à l’École des Beaux-Arts grâce au soutien d’une famille bienfaitrice et à l’atelier du maître Debret, architecte français de renom qui a marqué le XIX -ème siècle par ses créations néoclassiques élégantes., Denis-Louis a transmis à ses descendants l’amour de l’architecture et le goût du beau, que Marie Léon Destors a su magnifiquement exprimer dans la conception de la Villa Charlotte.



L’architecture de la villa témoigne d’un mélange subtil de tradition et de modernité. Les lignes fluides et les formes naturelles, caractéristiques de l’Art Nouveau, se conjuguent à des matériaux nobles et typiques de la région. La façade se distingue notamment par l’utilisation de grès flammés, dans l’esprit des créations du célèbre céramiste Alexandre Bigot (1862-1927). Ce dernier, figure majeure du mouvement Art Nouveau, a révolutionné l’art de la céramique architecturale avec ses briques vernissées et ses grès aux teintes chatoyantes, conférant aux bâtiments qu’il ornait une sensualité et une richesse décorative incomparables. La Villa Charlotte s’inscrit pleinement dans cet héritage, ses façades resplendissant de détails céramiques qui soulignent l’originalité et l’élégance de l’édifice.

Le parc qui entoure la villa ajoute encore à son charme intemporel. Cet écrin de verdure, ponctué d’arbres centenaires et d’allées fleuries, a été soigneusement dessiné pour offrir un cadre à la fois paisible et majestueux. Il conserve encore aujourd’hui les traces de son passé prestigieux : un héliport, vestige d’une époque où Jacques Foccart, conseiller influent des présidents de la Ve République, y séjournait régulièrement. Ce dispositif permettait notamment aux personnalités politiques de l’époque, dont le général de Gaulle et plusieurs chefs d’État africains, d’atterrir directement dans le parc, soulignant l’importance stratégique et symbolique du lieu. Aujourd’hui, cet héliport, bien que désaffecté, reste visible et témoigne discrètement de cette période et des événements marquants qui ont ponctué l’histoire de la Villa Charlotte.

 

Mais au-delà de son architecture raffinée et de ses anecdotes historiques, la Villa Charlotte incarne une rencontre harmonieuse entre patrimoine, art et nature. Elle reflète une époque où l’innovation et le souci du détail se conjuguait pour créer des espaces à la fois fonctionnels et esthétiques. Ce lieu, empreint de mémoire, offre aujourd’hui encore aux visiteurs un cadre privilégié, où l’on peut ressentir l’élégance discrète d’un passé prestigieux tout en appréciant la sérénité de ses jardins.

À tout moment de l’année, et plus particulièrement lors des Journées du Patrimoine, la Villa Charlotte ouvre ses portes pour permettre à chacun de redécouvrir cette demeure et d’en apprécier l’atmosphère unique. On peut alors imaginer les pas de la princesse Charlotte de Monaco dans les allées, percevoir les échos des conversations de Jacques Foccart, ou tout simplement rencontrer Mick Piana Borci, propriétaire des lieux, qui veille avec soin et respect sur ce trésor, soucieuse de préserver son âme et son authenticité. Elle y accueille volontiers les visiteurs avec bienveillance, et partage avec eux l’histoire et les souvenirs attachés à ce lieu.

C’est aussi l’occasion d’admirer la lumière dansante sur les céramiques colorées, et de savourer la beauté simple et vivante de cet endroit chargé d’histoire.


Charlotte de Monaco

1898–1977

Première résidente emblématique, Charlotte Grimaldi de Monaco, duchesse de Valentinois, est née en 1898, fille du prince Louis II de Monaco et de Marie-Juliette Louvet. Mariée à Pierre de Polignac, elle donna naissance au futur prince Rainier III, assurant la continuité de la dynastie monégasque. De 1924 à 1977, la Villa Charlotte fut, sous son influence, un lieu de rencontres artistiques et culturelles, alliant la discrétion d’une résidence privée à la prestance d’une princesse. Charlotte incarne parfaitement le raffinement et l’élégance qui caractérisent la Villa Charlotte.


Jacques Foccart

1913–1997

Résident de la Villa Charlotte entre 1977 et 1997, Jacques Foccart est une figure centrale de l’histoire politique française contemporaine. Proche du général de Gaulle, il fut le principal artisan des relations franco-africaines, occupant le poste de secrétaire général de l’Élysée aux affaires africaines et malgaches (1960–1974). Sa présence à la Villa Charlotte renforça l’aura politique du lieu : il y accueillit chefs d’États africains et personnalités politiques. À travers sa carrière, il contribua à façonner les relations entre la France, l’Afrique et l’outre-mer.
Il fut élu local à la mairie de Luzarches.


Monique - Mick - Piana Borci

Depuis 2000, Monique Piana Borci incarne la troisième époque de la Villa Charlotte. Sa carrière professionnelle s’est déroulée comme cadre dirigeante dans une grande institution, et parallèlement, elle s’est investie bénévolement dans les domaines de l’emploi, de l’insertion des publics en difficulté, la création d’entreprise et la formation professionnelle. En 2017, elle fonde un fonds de dotation reconnu d’utilité publique, destiné à devenir une fondation, dédié à la restructuration du Travail en France et à la création d’opportunités permettant à chacun de trouver un modèle de statut adapté à sa manière de travailler. Résidente à la Villa Charlotte, elle perpétue l’histoire du lieu tout en lui insufflant un nouvel élan. À travers sa présence, elle témoigne d’une vision résolument contemporaine et engagée, où le passé dialogue avec l’avenir et où la mémoire du lieu s’enrichit d’initiatives porteuses de sens.
Elle fut également élue à la mairie de Luzarches.