Jacques Foccart, conseiller du Général Charles de Gaulle pour les affaires africaines et malgaches, fut l’un des hommes les plus influents de la Ve République. Ancien résistant, il avait rencontré le Général à Londres et était devenu l’un de ses plus fidèles conseillers. Ensemble, ils ont participé à la création du RPF.
Au début des années 60, les leaders africains, figures de l’indépendance, se rendaient régulièrement à la villa Charlotte pour rencontrer Jacques Foccart. Il fut l’artisan de la mise en place de la politique d’indépendance des Etats africains. Les historiens et les journalistes ont qualifié J. Foccart, « l’homme de l’ombre » et qualifié aussi Luzarches ,« capitale de l’AOF » (Afrique de l’Ouest Francophone).
Peut-être cet homme si secret se montrait-il plus indulgent et patient lors de ces rencontres, envers ceux qu’il savait porteurs des aspirations d’un continent, alors qu’il s’imposait à lui-même une discipline inflexible. Luzarches : « Des liens privilégiés avec l'Afrique », surnommé capitale de l’AOF
« À Luzarches, on n’a pas oublié Jacques Foccart », témoigne un ancien maire (RPR) Bernard Messéant. « Grâce à lui, notre village entretient toujours un lien fort avec l’Afrique. Celui qu’on surnommait l’homme de l’ombre, l’un des conseillers élyséens les plus influents, recevait volontiers chefs d’État et ambassadeurs dans sa résidence val-d’oisienne, la Villa Charlotte, une belle propriété perchée sur les hauteurs de Luzarches, suffisamment isolée pour permettre des rendez-vous discrets. Pratiquement tous les présidents africains ont été faits citoyens d’honneur de la commune, Bokassa compris. Les époux Foccart, qui n’avaient pas d’enfant, étaient très aimés des hommes politiques africains, rapporte encore l’ancien maire. Ils appelaient Madame Foccart Maman et lui faisaient livrer des fleurs pour la fête des mères. »
Jacques Foccart fut aussi conseiller municipal, ce qui a permis à Luzarches d’établir des relations privilégiées avec des villes de la Côte d’Ivoire, du Togo et du Gabon, et surtout de se jumeler avec Yamoussoukro, la capitale administrative de la Côte d’Ivoire. « J’ai fait quatre voyages là-bas à l’occasion d’échanges, un par mandat », poursuit Bernard Messéant, fier de souligner que le nom de Luzarches est quasiment aussi connu en Afrique de l’Ouest que celui de Paris.
Chaque Nouvel An, la mairie de Luzarches organisait une aubade dans le parc de la Villa Charlotte afin de rendre hommage au couple Foccart, en reconnaissance des nombreux services rendus à la commune.
Naissance : Jacques Foccart est né le 31 août 1913 à Ambrières-les-Vallées (Mayenne), en France.
Formation :
Jacques Foccart suit des études secondaires, mais ses ambitions politiques et ses réseaux comptent davantage que des diplômes formels.
Pendant la Seconde Guerre mondiale :
Jacques Foccart s’engage très tôt dans la Résistance, dès 1941.
Il fut proche des réseaux gaullistes et participe à des activités clandestines, notamment à l’Organisation civile et militaire (OCM), une importante organisation de la Résistance.
Pendant cette période, il développe des relations solides avec de futurs hauts responsables militaires et politiques, ainsi qu’avec des acteurs du renseignement.
Il collabore notamment avec Pierre Guillain de Bénouville, Jacques Chaban-Delmas et d’autres figures gaullistes.
Après la guerre :
Jacques Foccart se lance dans les affaires, il fonde des entreprises dans l’industrie du bois et dans les importations/exportations, en particulier avec l’Afrique.
Sa société, la Forestière d’Outre-Mer, joue un rôle dans le commerce des bois tropicaux (acajou, ébène), ce qui lui permet de constituer un réseau de contacts privilégiés en Afrique.
Il devient un homme d’affaires influent, dont les activités commerciales se doublent d’un réseau personnel de relations en Afrique francophone.
En résumé : avant la « Françafrique », Jacques Foccart est déjà un résistant actif sous l’Occupation et un homme d’affaires prospère, doté d’un réseau d’influence étendu, notamment en Afrique. C’est cette double casquette (résistance + affaires africaines) qui fera de lui un homme-clé des réseaux gaullistes en Afrique, et plus tard le principal artisan des relations officieuses entre la France et ses ex-colonies.
La mission de Jacques Foccart à l’Élysée :
1960 : Jacques Foccart à l’Élysée
La France conserve une influence majeure dans ses anciennes colonies, même après leur indépendance.
Les régimes africains restent souvent alignés sur Paris, et Jacques Foccart joue le rôle de garant de cette fidélité, parfois en orchestrant des manœuvres plus ou moins officielles.